Les marocains coexistent uniquement au cimetière !
achamilapress : par/Docteur Jaouad MABROUKI, Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe
Etrange est la logique des marocains, ils ne reconnaissent pas les minorités religieuses et interdisent à leurs adeptes de pratiquer ouvertement leur culte durant leur vie, par contre ils les reconnaissent après leur mort et leur délivrent une autorisation d’enterrement dans les cimetières musulmans. De surcroit, ils bénéficient de la prière des morts à la mosquée, de la répétition à haute voix de « il n’y a qu’un seul Dieu et Mohamed est son messager » sur le chemin du cimetière, ainsi que de la « Fatiha »* après l’enterrement. Or ce mort est peut être chrétien ou baha’i ou athée ? Ceci relève-t-il de l’hypocrisie ou de la contradiction ?
Si le marocain croyant à une autre religion que l’islam il est considéré comme un apostat ou un mécréant, pourquoi alors est-il enterré parmi les morts musulmans ? Est-ce que la mort l’a transformé en musulman ? Est-ce qu’après sa mort il a déclaré sur les réseaux sociaux qu’il est revenu à l’islam ? Quel est le mystère de ces contradictions énigmatiques ?
Lorsque les minorités religieuses demandent leur reconnaissance officiellement, la réponse fait défaut ? Pourquoi nous ne leur permettons pas d’avoir leurs propres temples ? Pourquoi leurs institutions du mariage ne sont pas reconnues ? Pourquoi n’ont-elles pas le droit de choisir librement les prénoms de leurs enfants, de créer leurs propres écoles ou au moins que leurs enfants soient dispensés des cours d’éducation islamique à l’école ? Pourquoi n’ont-elles pas de représentants au niveau de la chambre parlementaire comme les juifs ? Est-ce que les marocains croyants à des religions autres que l’islam ne sont pas des citoyens marocains ?
Quelles sont alors les explications de l’autorisation d’enterrement des apostas et des mécréants (selon la logique des marocains) à cotés des morts musulmans ?
Après l’analyse de cette contradiction énigmatique du marocain, je suis arrivé à plusieurs hypothèses dont voici les plus importantes :
- 1Le refus de l’enterrement serait une forme de reconnaissance
Bien entendu, si les marocains refusaient l’enterrement d’un apostat ou d’un mécréant dans le cimetière musulman, ceci constituerait un argument de reconnaissance des minorités religieuses. Et dans ce cas, elles devraient bénéficier de tous leurs droits et par conséquent chaque minorité religieuse devrait disposer de son cimetière. Si non, où irions-nous enterrer le corps d’un apostat ? Dans une fosse commune à l’extérieur de la ville, comme il était coutume au moyen âge ? Afin d’éviter un scandale qui va attirer l’attention sur l’existence des ces minorités et la privation de leurs droits même dans la mort, ils préfèrent délivrer l’attestation de l’enterrement pour enterrer aussi l’existence des minorités religieuses.
- 2La victoire sur l’apostasie
Pour le marocain, l’autorisation administrative de l’enterrement de l’apostat au cimetière musulman, est une façon de se prouver à soi-même sa victoire sur l’apostasie et le pardon de l’apostat, comme si ce dernier était revenu dans le droit chemin après sa mort et par conséquent il serait devenu musulman à titre posthume ! Ainsi il est de son droit d’être enterré avec ses frères musulmans morts.
- « 3lahchouma »** marocaine
Evidement si le mort apostat n’a pas son autorisation d’enterrement au cimetière musulman, les marocains vont dire « quelle honte, que va dire le monde, sachant que nous avons ratifié toutes les clauses des conventions internationales relatives aux droits de l’homme y compris celle concernant la liberté de croyance ? ». Les familles des défunts appartenant aux minorités religieuses vont dirent à leur tour « quelle honte, allons-nous enterrer nos morts avec les chrétiens ou dans la nature ? ». Afin d’éviter cette « lahchouma », les marocains acceptent d’enterrer ceux qu’ils considèrent apostats dans le cimetière musulman selon les traditions musulmanes.
4la politique de l’autruche
Le marocain se distingue par la faiblesse de sa personnalité et la fuite de ses responsabilités, considérant que tout va à merveille et qu’il n’a aucun problème dans sa réalité quotidienne, sauf le manque d’argent ! Pour lui, tout marocain est musulman et il ne peut être d’une autre croyance et le nombre de minorité religieuse n’est qu’un epsilon en comparaison avec le nombre de musulmans. Ceci est contradictoire avec la démocratie et la liberté individuelle et la citoyenneté. D’ailleurs, nous retrouvons aussi cette politique dans le domaine de la santé et de la pauvreté.
Jusqu’à quand le marocain va-il fuir sa réalité et ses responsabilités ?
(*) Sourate du coran pour conclure et pour la bénédiction
(**) La honte